Tuesday, September 23, 2008

...car la matière du souvenir est poreuse



un chant d'amour - jean genet


je ne sais pas si c'est leur visage, le vrai, qui éclabousse le mur de ma cellule d'une boue diamantée, mais ce ne peut être par hasard que j'ai découpé dans des magazines ces belles têtes aux yeux vides. Je dis vides, car tous sont clairs et doivent être bleu ciel, pareils au fil des larmes où s'accroche une étoile de lumière transparente, bleus et vides comme les fenêtres des immeubles en construction, au travers desquelles on voit le ciel par les fenêtres de la façade opposée. Comme ces casernes le matin ouvertes à tous vents, que l'on croit vides et pures quand elles grouillent de mâles dangereux, écroulés, pêle-mêle sur leur lit.


Notre-Dame-des-Fleurs

Tuesday, September 16, 2008

Inferno - Romeo Castellucci



En 1980, il fonde, avec sa sœur, Claudia Castellucci et Chiara Guidi, la Socìetas Raffaello Sanzio. Durant les années 1990, Romeo Castellucci s’est confronté à des textes classiques ou à des épopées, Gilgamesh (1990), Hamlet (1992), L’Orestie (1997), Le Voyage au bout de la nuit (1998), Giulio Cesare, d’après Shakespeare(2001). Depuis lors, la Socìetas Raffaello Sanzio a lancé un vaste projet appelé Tragedia Endogonidia, un système de représentation ouvert qui, tel un organisme, se transforme dans le temps et dans le parcours géographique qu’il effectue, en attribuant à chaque stade de sa transformation le nom d’”épisode”.

Romeo Castellucci crée également des oeuvres plastiques et des représentations figuratives esthétiques/biologiques qui se matérialisent dans la puissance invisible des bactéries. Par ailleurs, la Socìetas Raffaello Sanzio a publié plusieurs ouvrages théoriques et produit toute une série de vidéos. La compagnie est invitée dans les principaux théâtres et festivals internationaux, et a remporté de nombreux prix en Italie et à l’étranger.

S’inscrivant dans la continuité du Théâtre de la cruauté imaginé par Antonin Artaud, leurs propositions théâtrales qui mêle l’artisanat théâtral d’antan à des technologies de pointe, allient des trouvailles visuelles, sonores et même olfactives, pour créer des spectacles d’où la place texte tend à s’estomper face à celles des corps, corps humains, acteurs parfois difformes ou mutilés, ou animaux, bêtes de ferme, voire serpents, qui créent du spectaculaire par leur seule présence à laquelle s’ajoute hurlements, invectives et gesticulations. D’une esthétique parfois outrancière, mais toujours maîtrisée, les spectacles de la Socìetas Raffaello Sanzio peuvent difficilement être comparés à autre chose qu’eux-mêmes et laissent dans la mémoire de spectateurs des impressions indélébiles.